Grand Est : une région pionnière dans l’énergie nucléaire
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Le Grand Est est une région pionnière dans l’énergie nucléaire, de l’ouverture de Fessenheim en 1978, première centrale (900 MW) du parc actuel à connaitre une opération de démantèlement, au projet de stockage géologique profond Cigéo, inédit par l’ampleur de ses recherches partagées à l’échelle internationale. La région est à l’avant-poste de l’innovation nucléaire. Pour cela, elle peut s’appuyer sur les 301 entreprises de la filière présentes sur son territoire.
Toutes les citations sont tirées de la Convention régionale de la Sfen Grand Est qui s’est tenue le 31 mars 2021.
La région a accompagné le programme nucléaire français et continue de porter des projets majeurs pour la filière. Le chantier de Chooz A (Ardennes) est la vitrine du savoir-faire français en matière de démantèlement des réacteurs à eau pressurisée (REP). Cigéo (Meuse – Haute-Marne) est un des premiers laboratoires de recherche du monde pour le stockage géologique des déchets les plus radioactifs. Enfin, la centrale nucléaire de Fessenheim, fermée en 2020[1], sera la première du parc nucléaire actuel à connaitre une opération de démantèlement.
Les trois centrales nucléaires[2] permettent au Grand Est de fournir une électricité bas carbone et compétitive à ses voisins comme l’explique très précisément Hervé List, directeur des affaires publiques de RTE dans le Grand Est : « La région Grand Est est très exportatrice. Elle produit plus de deux fois ce qu’elle consomme et elle exporte tant auprès des autres régions françaises qu’à l’étranger, chez nos voisins européens, en particulier en Allemagne. En 2020, nous sommes exportateurs net de plus de 13 térawattheures envers nos voisins européens, plus de 10 térawattheures vers l’Allemagne et presque 32 térawattheures vers les autres régions françaises. C’est la solidarité électrique permise par le réseau. La moitié de ces exports vont vers l’Ile-de-France et cette solidarité électrique permet d’acheminer l’électricité de l’endroit où elle est produite vers les zones où il y a des besoins de consommation, avec la même qualité de service pour tout le monde ».
Cette production en électricité bas carbone est un atout pour le pôle de compétitivité « véhicule du futur » et le développement de la mobilité électrique sur tout le territoire.
Au-delà, le nucléaire sera, aux côtés des énergies renouvelables, l’allié indispensable pour produire un hydrogène bas carbone[3]. Ce dernier étant déjà identifié comme un enjeu pour la région comme le rappelle Gérard Bonhomme, professeur émérite de l’Université de Lorraine : « Il est évident que, sans l’électricité nucléaire, il est impossible d’imaginer produire les quantités d’hydrogène prévues. Je rappelle que dans le projet du Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (SRADDET) pour la région Grand Est, la production d’hydrogène envisagée est de 90 000 tonnes par an. »
L’Andra un acteur clef pour le Grand Est
L’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) est chargée de la gestion à long terme des déchets radioactifs produits en France. L’Andra a deux centres de stockage de déchets en exploitation, situés dans la région Grand Est et localisés dans le département de l’Aube.
Le plus ancien des centres mis en service a accueilli son premier colis de déchets en 1992. Il s’agit du Centre de Stockage de l’Aube (CSA), qui a le statut d’installation nucléaire de base. Il est implanté sur les communes de Soulaines-Dhuys, Ville-aux-Bois et Épothémont et accueille les déchets de faible et moyenne activité, à vie courte. Ce sont des déchets issus de l’exploitation des installations qui ont des activités nucléaires. Cela peut être des déchets de maintenance, des outils, des filtres ou des vêtements.
Le second centre est plus récent. Il s’agit du Centre industriel de regroupement, d’entreposage et de stockage (CIRES), implanté sur les communes de La Chaise et de Morvilliers depuis 2004. Il accueille les déchets de très faible activité (déchets TFA). Ainsi, son statut règlementaire est un statut d’installation classée pour la protection de l’environnement et non celui d’une installation nucléaire de base, au regard des faibles activités contenues dans ces déchets.
Sophie Dinant, Cheffe du service Environnement de la direction des opérations industrielles résume ainsi le rôle de l’Agence : « En matière d’environnement, il est clair que ces centres de stockage et l’Andra, de façon générale, n’existent que pour protéger l’homme et l’environnement »
Et l’avenir de l’Andra dans la région se prolonge dans une aventure humaine et industrielle autour du projet Cigéo. Cigéo est le projet français de centre de stockage profond de déchets radioactifs, situé à Bure. Il est conçu pour stocker les déchets hautement radioactifs et à durée de vie longue produits par l’ensemble des installations nucléaires actuelles, jusqu’à leur démantèlement, et par le traitement des combustibles usés utilisés dans les centrales nucléaires.
Le centre de stockage géologique Cigéo est une solution responsable pour les générations actuelles et à venir. Projet d’intérêt général il s’inscrit dans un processus démocratique initié il y a près de 30 ans. L’Andra a souhaité placer son rôle de maître d’ouvrage dans les principes fondateurs de la démocratie environnementale en mettant en œuvre une démarche d’information et de dialogue avec le territoire d’accueil du projet. Cigéo étant encore en phase de conception, l’Andra a engagé depuis fin 2016, des dispositifs de co-construction afin d’impliquer plus fortement et plus largement les acteurs locaux et les citoyens sur différents thèmes (gestion des impacts, aménagement du site, chantier de construction…).
Une implantation qui bénéficie aux territoires
Principalement implantés dans des territoires ruraux, les projets et les investissements de la filière nucléaire permettent au Grand Est de se placer parmi les premières régions industrielles de France.
« Dans les recettes fiscales perçues par mon département, 10 % de ces recettes et plus de 10 millions d’euros proviennent de ces établissements nucléaires. Je ne parle pas des retombées pour les communes et l’intercommunalité. Ces ressources permettent de modérer la pression fiscale au niveau local, que ce soit celle des communes ou des intercommunalités », se félicite Philippe Péchery, président du département de l’Aube.
Une vitalité pour le territoire qui est confirmée par Olivier Garrigues, directeur de la centrale de Nogent-sur-Seine : « A la centrale nucléaire de Nogent, il y a 774 salariés EDF qui travaillent, et 400 salariés de partenaires industriels. Nous sommes l’un des plus gros employeurs du territoire. Une étude menée en 2018 montre que la centrale représente 6 600 emplois soutenus en termes d’emplois directs et indirects. La majorité des gens qui travaillent autour des sites ont besoin d’être à proximité de la centrale nucléaire puisque nous avons un personnel avec astreinte. Ils vivent sur le territoire sur lequel la centrale est implantée et contribuent directement et indirectement à l’activité du territoire ».
Cette présence du nucléaire profite à tout un tissu industriel bien au-delà des Grands donneurs d’ordre comme en témoigne Antoine Leconte, président du cluster ENERGIC S/T 52-55 : « Nous avons des sociétés de fonderie qui accompagnent ORANO dans la France entière, comme certains charpentiers métalliques. Nous avons également des entreprises plus modestes qui ont manifesté un réel intérêt pour l’activité nucléaire et qui ont commencé à former leur personnel, à qualifier leurs entreprises, à obtenir un certificat du CEFRI et à former une PCR en interne. Pour arriver finalement à évoluer dans des sites comme la centrale de Nogent-sur-Seine, comme l’Andra au fonds du laboratoire à moins 500 mètres, ou comme à Soulaines-Dhuys où nous sommes en INB. Donc, oui, les entreprises qui s’intéressent ont de la réussite. »
En région Grand Est, 19 200 emplois dépendant de la filière nucléaire.
[1] https://www.sfen.org/avis/mise-a-larret-definitif-du-reacteur-2-de-la-centrale-nucleaire-de-fessenheim-le-30-juin-2020/
[2] Nogent-sur-Seine, Chooz et Cattenom
[3] https://www.sfen.org/avis/hydrogene-comment-lenergie-nucleaire-peut-servir-lambition-francaise/