Fessenheim : un technocentre pour valoriser les métaux de très faible activité
Destiné à valoriser des matériaux métalliques de très faible activité (TFA), le futur technocentre, en plus de soutenir l’emploi local éprouvé après la fermeture de la centrale nucléaire en 2020, renforcera l’économie circulaire au sein de la filière nucléaire.
Replay du webinaire consacré au technocentre
Alors que la réglementation française considérait un déchet comme radioactif non en fonction de son niveau de radioactivité mais en fonction de son lieu de production, le décret du 14 février 2022 autorise désormais sous certaines conditions la valorisation de matériaux métalliques. Déjà en place au niveau européen, la valorisation de ces déchets de très faible activité (TFA) permet d’envisager le renforcement d’une économie circulaire au sein de la filière nucléaire tout en préservant les ressources de stockage.
Grâce à cette évolution, un projet de technocentre sur le site de Fessenheim est aujourd’hui en cours de développement, destiné à traiter et à valoriser ces métaux TFA. Le processus présente un intérêt économique et écologique puisqu’une tonne d’acier recyclé émet environ deux fois moins de CO2 que la production équivalente d’acier issu de matière primaire (938 kg éq. CO2 contre 2 211 kg éq. CO2). L’installation, qui sera gérée par une société commune EDF/Orano, aura deux types de clients. En amont, le producteur des métaux TFA achètera une prestation de traitement et en aval un fondeur achètera les lingots.
Historiquement, deux sites étaient pressentis pour accueillir le technocentre : le Tricastin et Fessenheim. Aujourd’hui, le volontarisme des pouvoirs publics pour maintenir de l’activité sur le site malgré la fermeture de la centrale nucléaire en 2020 oriente le projet dans la ville du Haut-Rhin. Avec le travail d’ingénierie – les équipes constituées par Orano et EDF continuent ainsi d’améliorer le design de l’installation – l’obtention du permis de construire est prévue pour 2026 et la mise en service en 2031. Un débat public prendra cours sur la période 2023-2024. Ce calendrier permettra de répondre à temps à l’augmentation du flux de métaux issus du démantèlement de diverses installations, que ce soit en France, et en particulier celui de l’usine d’enrichissement Georges Besse1, ou à l’étranger.
La décontamination des métaux
L’installation prévoit plusieurs procédés de décontamination en accord avec les caractéristiques intrinsèques des métaux afin d’obtenir un lingot valorisable dans l’industrie conventionnelle. Certains pourront ainsi être décontaminés par un unique processus de fusion (four à arc) quand d’autres subiront au préalable une opération de décontamination chimique ou mécanique. Par exemple, pour les métaux TFA dits « sans activité ajoutée », c’est-à-dire uniquement considérés comme radioactifs car issus d’une « zone à production possible de déchets nucléaires », la fusion seule permettra de confirmer l’absence de radioactivité ajoutée. Les générateurs de vapeur, quant à eux, seront d’abord décontaminés puis découpés avec une partie conditionnée et envoyée dans un stockage de l’Andra et une autre valorisée.
Afin d’assurer la conformité des lingots valorisables, une série de contrôles est prévue, et ce avant l’envoi au technocentre. Ainsi, l’expéditeur devra réaliser une caractérisation radiologique et vérifier ensuite la conformité du dossier aux critères d’acceptation. Lors de la réception au centre, un contrôle de la conformité des lots sera réalisé. Il en sera de même en sortie d’atelier de décontamination ou de découpe, pendant le procédé, grâce à des prélèvements dans le bain de fusion. Les lingots seront également contrôlés.
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