EPR2 au Bugey, fusion ASN/IRSN, CEA renforcé : les trois grandes annonces du Conseil de politique nucléaire - Sfen

EPR2 au Bugey, fusion ASN/IRSN, CEA renforcé : les trois grandes annonces du Conseil de politique nucléaire

Publié le 20 juillet 2023

Le Conseil de politique nucléaire, du 19 juillet, a acté le choix de la centrale du Bugey pour la possible construction de la troisième paire d’EPR2 en France et il oriente la gouvernance de la sûreté nucléaire dans le sens d’un rapprochement de l’ASN et l’IRSN.

Avec quelques jours de retard, un Conseil de politique nucléaire (CPN) s’est tenu le 19 juillet. En présence d’Emmanuel Macron, « ce deuxième CPN en moins de 6 mois conforte un pilotage au plus haut niveau de l’État de la politique nucléaire, dans la continuité du discours de Belfort », assure un communiqué publié sur le site de l’Élysée. D’importantes annonces ont été faites à l’issue de cette réunion, dans un communiqué.

Le Bugey est désigné pour accueillir la troisième paire d’EPR2

Premièrement, alors que les deux premières paires d’EPR2 sont prévues à Penly et Gravelines, le CPN annonce avoir retenu « le site de Bugey pour l’implantation de la troisième paire de réacteurs ». Cela fixe les emplacements pour la première phase du programme EPR2, qui comprend trois paires de réacteurs. Il y a quelques jours, la demande d’autorisation de création des EPR2 de Penly a d’ailleurs été déposée. Dans un second temps, le gouvernement a demandé des études pour quatre paires en plus.

La particularité du Bugey est que, là où les deux premiers sites sont en bord de mer, celui-ci se trouve en bord de fleuve, en l’occurrence sur le Rhône. Pour information, le sujet faisant l’actualité, dans une étude sur la consommation d’eau des réacteurs nucléaires réalisée par la Sfen, il est possible de consulter les prélèvements/consommations par centrales. Au Bugey en 2021, les quatre réacteurs (deux en cycle ouvert, deux en cycle fermé) ont prélevé 2 947 millions de mètres cubes d’eau, mais n’en ont consommé que 18 millions. Le reste étant restitué à l’environnement.

Vers la fusion ASN/IRSN

Deuxièmement, le site revient sur son projet de rapprocher l’IRSN et l’ASN dans le cadre d’une réorganisation de la gouvernance de la sûreté en France. Dans le rapport de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et techniques (Opcest), il était recommandé « de créer une grande autorité indépendante de la sûreté nucléaire et de la radioprotection dont les moyens financiers et humains seraient renforcés ».

L’Exécutif maintient donc son projet avorté une première fois début 2023 : « Le CPN a confirmé la volonté du Gouvernement d’avancer en ce sens en veillant à ce que l’ensemble des missions de l’ASN et l’IRSN soient préservées et leurs moyens humains renforcés. Le CPN a donné mission à la ministre de la Transition énergétique d’engager les concertations avec les parties prenantes et les parlementaires en vue de préparer un projet de loi d’ici l’automne ».

Renforcement des moyens du CEA

Troisièmement, deux annonces concernent le CEA. D’une part, le CPN annonce « un renforcement significatif des effectifs et d’un renouvellement des installations de recherche de la branche nucléaire civile du Commissariat à l’énergie atomique ». Cela visera à assurer le rôle d’animation et de recherche du Commissariat dans les domaines de la prolongation du parc, de la maitrise du cycle du combustible, de la construction des EPR2 et des réacteurs innovants. D’autre part, le CPN « a acté la poursuite des investissements de l’État et de la filière pour finaliser la construction du réacteur de recherche Jules Horowitz, afin que la France dispose de cette nouvelle installation opérationnelle à l’horizon 2032-2034 ». ■

Par Ludovic Dupin (Sfen)

Image : Centrale nucléaire du Bugey – @EDF/BernardGaëtan