Emmanuelle Galichet, une enseignante au service de l’atome
Elue le 13 octobre 2023, Emmanuelle Galichet est la nouvelle présidente de WiN France (Women in Nuclear). Cette maître de conférences en sciences nucléaires au Cnam allie avec aisance les domaines académique et industriel. Pour preuve, son approche novatrice dans la digitalisation de la formation en génie nucléaire.
Née à Lyon en 1971, Emmanuelle Galichet plonge très tôt dans la science. Sa famille, à la solide fibre scientifique, considère également l’engagement pour le service public comme une valeur essentielle. Cet environnement a été déterminant : « Mon grand-père, ingénieur et à la tête des cours du soir de l’Institut catholique d’arts et métiers (Icam) à Lille, mon père professeur de mathématiques et de physique et ma mère artiste ont pleinement contribué à me transmettre cet héritage ». La Lyonnaise, réserviste citoyenne dans la Marine nationale, suit des études de physique nucléaire à l’Université Claude Bernard I (UCBL) et décroche, en 1998, son doctorat en physique nucléaire avec une spécialité en physique subatomique.
Vers une pédagogie audacieuse
La jeune enseignante-chercheure intègre le Conservatoire des arts et des métiers (Cnam) à peine un an plus tard. Emboîtant le pas de ses aînés, elle donne des cours du soir aux techniciens des entreprises du secteur nucléaire souhaitant évoluer vers le statut d’ingénieur. Elle réussit à s’imposer et se voit confier en 2007 de nouvelles missions en termes d’innovation pédagogique en lien avec le numérique. « En créant la première formation e-learning en sciences nucléaires, ma volonté de faire évoluer le système de formation, en y intégrant des expériences immersives, de la réalité virtuelle, augmentée et mixte, s’est amplifiée », confie-t-elle. En 2006, son fils voit le jour suivi, en 2011, par ses jumeaux : un bonheur « à l’italienne » qu’elle partage avec son mari, un éminent vulcanologue sicilien.
Oser, innover, inspirer
En 2012, Emmanuelle crée un diplôme d’ingénieur par apprentissage en Génie nucléaire, adapté aux futurs enjeux industriels, qui accueille 25 apprentis par an de niveau Bac +2. « C’était un défi de taille, mais tellement passionnant ». Développer des compétences opérationnelles solides améliore l’employabilité immédiate des apprenants et favorise un transfert direct des savoir-faire spécifiques au contexte industriel.
Depuis 2017, Emmanuelle s’investit en parallèle dans des projets de jumeaux numériques pour l’enseignement, optimisant ainsi l’efficacité de l’apprentissage et enrichissant l’expérience éducative. Elle aime plaisanter en évoquant l’idée d’avoir une assistance en classe grâce à l’intelligence artificielle (IA) à la manière de Jarvis, inspirée par Iron Man, son film préféré.
Sciences pour toutes !
Récipiendaire du Prix Fem’Energia en 2018, la présidente de WiN projette d’étendre les initiatives de WiN au-delà de la seule dimension électronucléaire. « Encourager l’intérêt des filles pour les sciences, dès les bancs de l’école primaire », figure en bonne place dans ses priorités. « Nous nous reconnaissons dans le courage et l’esprit pionnier de Marie Curie mais l’image a vieilli. Pourquoi ne pas créer une bande de super héroïnes à la manière des Avengers pour changer cette perception un peu datée » ? Emmanuelle garde les pieds sur Terre mais sait qu’il faut oser rêver grand tellement « il faut viser la Lune pour atteindre les étoiles ».
30 ans de Women in Nuclear (WiN)
I> 1992
Création de l’association WiN Global. Adoption de la charte WiN à Zürich.
I> 1993
Formation du groupe WiN France au sein de la Sfen. WiN France est membre fondateur de WiN Europe et membre du réseau mondial WiN Global.
I> 2009
Lancement du premier « Prix Fem’Energia ». Chaque année, WiN France, WiN Global et EDF, en partenariat avec l’Institut de France et l’Académie des Sciences, décernent le prix Fem’Energia pour encourager et soutenir financièrement des femmes passionnées par le secteur du nucléaire. Ce prix s’adresse aux lycéennes, aux étudiantes et aux
femmes travaillant dans le secteur du nucléaire.