Elvire Charre, naturellement !
Directrice de la centrale nucléaire de Fessenheim depuis 2020, Elvire Charre a retrouvé avec bonheur l’Alsace qui l’a vue naître. Elle revient sur 28 ans d’engagement au sein d’EDF.
« Comme une évidence »
Le parcours académique et les responsabilités successives d’Elvire Charre en ont fait, en 2020, une candidate naturelle aux fonctions de directrice du Centre nucléaire de production d’électricité de Fessenheim. La Strasbourgeoise a, dès sa jeunesse, hérité d’une forte appétence pour les sciences et la physique. « Avec ma mère professeure de mathématiques et mon père directeur d’école primaire, l’éveil à la nature était omniprésent ». Diplômée ingénieure en génie électrique de l’Institut national des sciences appliquées (INSA) de Lyon en 1994, elle rejoint EDF « comme une évidence ». Elle y arrive avec déjà un fort sentiment d’appartenance consécutif au « stage ouvrier » effectué chez Clemessy qui, hasard du destin, lui fait découvrir l’environnement industriel de Fessenheim dès 1990. S’ajoute à cela « une prise de conscience des enjeux énergétiques lorsqu’EDF me délègue l’étude prospective des futurs réseaux électriques lyonnais en stage de fin d’études », confie-t-elle.
Chinon, la voie de la sûreté
Ingénieure sûreté, elle se constitue un socle solide de compétences liées à l’expertise process et à la sûreté nucléaire en suivant la formation « pilote » d’EDF pendant dix-huit mois. En 1998, elle évolue vers la coordination opérationnelle des activités d’arrêt de tranche, qui vise à maîtriser les gros enjeux de performance et de production, de sécurité des opérations de grande ampleur qu’elle orchestre. C’est aussi le moment de conjuguer vie professionnelle et vie personnelle avec la naissance de ses deux fils qui incite la petite famille à s’établir en région lyonnaise dès 2002, un retour attendu qui lui donne l’occasion de sillonner les chemins de montagne qu’elle apprécie tant.
Vertus de la cordée
À Bugey, Elvire Charre est alors chargée de rénover de A à Z les formations des opérateurs puis de développer le management en compétences des salariés à la direction des Ressources humaines. Son envie de manager et son background technique la positionnent en 2007, cheffe de service Ingénierie pour le déploiement de la méthode « AP 913 » au parc nucléaire français. Puis, en 2009, Elle accepte le poste de sous-directrice d’exploitation des réacteurs, une expérience marquante :
« J’ai vécu une très belle aventure collective, car le projet “Tranches en marche” est devenu un modèle de pilotage de rendement et de sûreté maximale dans le fonctionnement quotidien des installations ».
Fessenheim, une grande fierté
L’Alsacienne fait un retour aux sources en 2015 comme directrice adjointe de la centrale de Fessenheim puis directrice en 2020 avec des missions qui reposent avant tout sur la confiance en son entreprise pour préparer l’accompagnement des salariés et l’organisation de la fin d’exploitation de l’usine. Même si elle se souvient de l’émotion palpable des salariés à l’annonce de la fermeture du CNPE, elle dit avec fierté :
« J’ai admiré l’attitude professionnelle et responsable de tous les salariés d’EDF et de tous les prestataires lors des deux arrêts ».
Une femme engagée
« Nous accueillons toujours des stagiaires et apprentis pour leur permettre d’obtenir leurs diplômes, un engagement sociétal auquel nous tenons ». Sans difficulté majeure pour s’y intégrer, Elvire encourage les jeunes filles à découvrir le monde du nucléaire, pour y réaliser des parcours professionnels passionnants et tournés vers les nouveaux enjeux énergétiques.
30 juin 2020 : arrêt définitif de la production d’électricité.
Jusqu’en 2026 : préparation au démantèlement en cours.
29 août 2022 : fin de l’évacuation des 314 assemblages combustibles issus des deux réacteurs.
2026 : début du démantèlement. La durée prévisionnelle de démantèlement est de quinze ans à partir de l’entrée en vigueur du décret de démantèlement.
2042 : restauration du site et déclassement de l’INB.