Décryptage : le chargement en combustible de l’EPR Flamanville repoussé à 2024 - Sfen

Décryptage : le chargement en combustible de l’EPR Flamanville repoussé à 2024

Publié le 22 décembre 2022 - Mis à jour le 5 janvier 2023

Le démarrage de l’EPR est désormais prévu pour 2024. Si la reprise des soudures touche à sa fin, les opérations de traitement thermique qui suivent se révèlent complexes. EDF doit notamment assurer que l’opération finale n’impacte pas des équipements sensibles proches.

Le 16 décembre 2022, EDF a annoncé, dans un communiqué, que la date du chargement en combustible de l’EPR Flamanville était décalée du 2ème trimestre 2023 au 1er trimestre 2024. L’estimation du coût passe de 12,7 milliards à 13,2 milliards d’euros[1]. Notamment en cause, la complexité du chantier de traitement thermique de détentionnement sur les soudures réparées.

La reprise d’un certain nombre de soudures de l’EPR Flamanville avant son démarrage progresse. EDF a désormais annoncé que « toutes les soudures ont été déclarées conformes au référentiel d’exclusion de rupture ». Pour rappel, cette démarche « appliquée aux tuyauteries consiste, dans son principe, à ne pas étudier, dans la démonstration de sûreté nucléaire, les conséquences de la rupture d’une tuyauterie parce que cette rupture est rendue extrêmement improbable avec un haut degré de confiance. Elle s’appuie sur des dispositions particulièrement exigeantes en matière de conception, de fabrication et de suivi en service de ces tuyauteries » (source ASN). Les soudures, une fois réalisées, font l’objet d’une dernière étape afin de relaxer les contraintes résiduelles de soudage et d’obtenir des caractéristiques mécaniques appropriées. C’est le traitement thermique de détentionnement.

Le traitement thermique de détentionnement : un chantier complexe

« Cette actualisation du calendrier est principalement liée aux études complémentaires », a fait savoir EDF. Ces études permettent d’adapter les plans de chauffes aux différentes configurations. Un grand nombre des soudures en réparation se trouvent par ailleurs dans une configuration dite « complexe ». Concrètement, le traitement thermique consiste à réaliser une montée progressive en température puis de maintenir un palier (de l’ordre de 600 °C) avant de redescendre. Lorsque les traitements thermiques sont réalisés sur le chantier (à la différence des traitements thermiques en usine qui sont réalisés en four), l’opération consiste à appliquer des manchons chauffants autour des soudures et de contrôler de manière fine la montée, le palier et la redescente en température grâce à des thermocouples situés à l’extérieur des tuyauteries. Dans cette situation, l’opération est d’autant plus délicate à gérer qu’elle ne doit pas affecter les équipements voisins. L’intervention de spécialistes de différents métiers hautement qualifiés (modélisation thermique, mécaniciens, métallurgistes ainsi que mise en œuvre sur site des traitements thermiques,) est alors nécessaire pour les études complémentaires.

« À l’été, le traitement thermique des soudures complexes a dû être arrêté car les méthodes traditionnelles entraînaient des comportements de températures non souhaitées. Nous avons repris les études et les tests. D’ici à la fin de l’année, nous aurons les autorisations pour reprendre les traitements thermiques », explique Alain Morvan, le directeur du projet Flamanville 3.■

Gaïc Le Gros, Ludovic Dupin (Sfen)

Crédit photo ©EDF

[1] En euros 2015 et hors intérêts intercalaires.