CSC, canicule, piscine, couvercle de l’EPR… sept points à retenir des vœux de l’ASN - Sfen

CSC, canicule, piscine, couvercle de l’EPR… sept points à retenir des vœux de l’ASN

Publié le 23 janvier 2023 - Mis à jour le 25 janvier 2023

Lundi 23 janvier 2023, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a présenté ses vœux à la presse. L’occasion de faire le bilan de l’année 2022 et de souligner les défis et les points de vigilance à venir. Bernard Doroszczuk, président de l’ASN, a notamment souligné l’importance d’une vision à long terme sur l’ensemble du cycle nucléaire.

  1. Bilan 2022 : la sûreté nucléaire et la radioprotection à un niveau satisfaisant

Bernard Doroszczuk, président de l’ASN, a souligné qu’en 2022, la sûreté nucléaire et la radioprotection s’étaient maintenues « à un niveau satisfaisant ». Il a également salué les décisions d’EDF à la suite de la découverte des corrosions sous contrainte. « EDF a agi en premier responsable de la sûreté », a-t-il déclaré.  Il a néanmoins souligné des « aléas inédits » et a appelé à une « meilleure anticipation et prise en compte globale des enjeux de sûreté dans les débats d’orientation en matière de politique énergétique ».

  1. La politique énergétique de la France a besoin d’être anticipée…

« Il est nécessaire de disposer dès les prochaines années des éléments permettant de justifier, du point de vue de la sûreté, les hypothèses structurantes qui déterminent le volet nucléaire de la politique énergétique », a fait savoir l’ASN. « Ces justifications devraient être apportées avec au moins 10 à 15 ans d’anticipation, c’est-à-dire dans les 3 à 4 ans qui viennent, pour disposer d’un délai suffisant permettant de faire face à leurs conclusions ». C’est notamment le cas pour l’exploitation des réacteurs jusqu’à et au-delà 60 ans.

  1. …ainsi que les adaptations du parc au changement climatique

L’ASN a mis en avant les évènements caniculaires rencontrés en 2022 et a rappelé que pour la première fois depuis 2003, elle avait dû autoriser des dérogations sur les rejets thermiques en rivière. Face à ces phénomènes, elle juge que le pas de temps de 10 ans du réexamen périodique est trop réduit pour apprécier les enjeux de long terme comme le changement climatique. Ces problématiques devront désormais être « intégrés dans les démarches de justification spécifiques des exploitants liés à la poursuite de fonctionnement à long terme des installations, comme celle demandée pour les réacteurs d’EDF au-delà de 60 ans » avec une vision à la fois plus globale et territorialisée.

  1. La PPE doit être l’occasion d’engager un travail de réflexion sur différents scénarios de cycle du combustible

L’ASN suggère que la prochaine programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE 2023-2028) soit « l’occasion d’engager un travail de réflexion et d’évaluation sur les futurs possibles du cycle du combustible et les déchets associés, en y intégrant les enjeux de sûreté et de radioprotection qu’ils soulèvent », avec pour modèle les scénarios énergétiques du gestionnaire du réseau RTE, intitulés « Futurs énergétiques 2050 ».

  1. Anticiper la saturation des piscines d’entreposage

L’ASN a également couvert la question de la saturation des piscines d’entreposage du combustible nucléaire à Orano La Hague. « On ne peut pas garantir que cette saturation n’aura pas lieu avant 2034 », a souligné l’ASN. C’est pourquoi celle-ci étudie plusieurs parades, à savoir : la densification du stockage à Orano La Hague, l’augmentation de l’utilisation du MOX et l’entreposage temporaire à sec. Julien Collet, directeur général adjoint de l’ASN, juge qu’au moins l’une de ces solutions devra être déployée d’ici 2034.

  1. Mise en place d’un observatoire de la reprise et conditionnement des déchets et du démantèlement

L’ASN a souligné la transparence des exploitants nucléaires en évoquant plusieurs interventions des exploitants nucléaires au Haut comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire (HCTISN), mais aussi dans les commissions locales d’informations (CLI). Par ailleurs, dans le cadre du contrôle mis en place sur la conduite des projets complexes, l’ASN dresse et présente dans son rapport sur l’état de la sûreté et de la radioprotection un « observatoire de la reprise et conditionnement des déchets (RCD) et du démantèlement ». L’ASN a pris le soin de rappeler que les opérations de démantèlement des réacteurs à eau pressurisée ne posaient pas de difficulté. Les opérations complexes concernent en particulier le démantèlement de la première génération de réacteurs dits UNNG (uranium naturel graphite gaz) et la reprise et le conditionnement de déchets anciens.

  1. Le calendrier du remplacement du couvercle de cuve en discussion

L’ASN a déclaré que Framatome avait déposé fin décembre 2022 une demande de report de l’échéance pour le changement du couvercle de la cuve de l’EPR de Flamanville. Pour rappel, en 2017, il était convenu de réaliser cette opération lors du premier arrêt du réacteur alors prévu en 2024. Néanmoins, le calendrier a subi un décalage et le chargement en combustible a récemment été décalé au 1er trimestre 2024. La demande vise ainsi à ajuster le calendrier de l’opération avec celui de l’EPR pour ne pas arrêter le réacteur avant la fin de son premier cycle de fonctionnement. ■

Gaïc Le Gros (Sfen)

Crédit photo ©ASN via Twitter