Coup d’envoi pour le financement vert du nucléaire chez EDF

Dans le cadre du développement du financement vert de ses activités, EDF emprunte auprès du Crédit Agricole un milliard d’euros pour le financement du projet de Grand Carénage. Une première dans le monde de l’énergie.
Le prêt d’un milliard d’euros signé par EDF avec le Crédit Agricole va permettre de financer la maintenance du parc nucléaire existant dans le cadre du programme Grand Carénage. C’est la première fois que l’activité nucléaire du groupe bénéficie d’un financement à caractère vert. « Ce qui est intéressant pour le grand carénage est son caractère concret. On est en mesure de chiffrer de façon robuste suivant des standards méthodologiques reconnus les émissions de carbone d’un KWh nucléaire pendant l’ensemble du cycle de vie », souligne Matthew Reed, en charge du développement de la finance durable chez EDF.
Cette publication intervient dans un contexte où le nucléaire, après un long combat politique à Bruxelles, a fait son entrée dans la taxonomie européenne [1]. Après une reconnaissance politique de son caractère vert, c’est donc sans surprise qu’EDF intègre les activités nucléaires (maintenance du parc actuel, renouvellement du parc nucléaire et R&D pour les réacteurs de 4e génération) dans son Green Financing Framework (GFF) [2]. Une partie des activités nucléaires, notamment celles lors des phases d’extraction du combustible reste, à date, exclu du cadre des activités éligibles [3].
Une acceptation grandissante du nucléaire
Le chiffrage sur les émissions évitées, et plus généralement la transparence sur la nature des projets financés, est une règle de plus en plus essentielle sur les marchés financiers. Dans un contexte de montée des exigences et préoccupations environnementales des banques (et de leurs clients) quant à la nature des activités qu’ils financent, s’aligner avec les meilleures pratiques de marché est un impératif.
À l’avenir, selon Matthew Reed, « la taxonomie va aider à l’intégration du nucléaire dans le monde de la finance verte », malgré un certain nombre d’acteurs qui excluent encore le nucléaire de leur activité liée à la finance durable [4]. Tendanciellement, on peut s’attendre « à une plus grande acceptation du nucléaire », assure-t-il. ■
Par Ilyas Hanine (Sfen)
[1] Pour l’heure au titre d’énergie de transition et avec de nombreuses clauses encadrant sa qualification.
[2] En juillet 2022, EDF a publié son Green Financing Framework, qui est une extension à l’ensemble des modalités de financement disponibles (prêt, émissions de dettes etc.) de son précédent plan de finance durable, lequel encadrait uniquement les émissions d’obligations vertes.
[3] C’est d’ailleurs la mine qui concentre l’essentiel de l’inventaire des flux matières et énergies d’après l’étude d’ACV d’EDF.
[4] En France, le nucléaire est exclu des labels Greenfin et Finansol.
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