Corrosion sous contrainte : une fissure significative détectée sur le réacteur 1 de Penly
Une fissure d’une taille importante a été découverte sur un circuit RIS du réacteur 1 de Penly dans le cadre de la surveillance du phénomène de corrosion sous contrainte. L’événement touche une soudure qui a connu une double réparation lors de la construction du réacteur. En conséquence, l’ASN demande à EDF de porter une attention spécifique à des soudures équivalentes qui pourraient exister sur le parc.
Le 6 mars, l’Autorité de sûreté nucléaire a publié un communiqué concernant la détection d’une fissure située à proximité d’une soudure d’une branche chaude du système d’injection de sécurité (RIS BC) du réacteur 1 de la centrale de Penly. « La fissure s’étend sur 155 mm, soit environ le quart de la circonférence de la tuyauterie, et sa profondeur maximale est de 23 mm, pour une épaisseur de tuyauterie de 27 mm », indique l’ASN. Des dimensions significatives jamais atteintes sur les réacteurs touchés par le phénomène de Corrosion sous contrainte (CSC)
La découverte avait été signalée par EDF à l’ASN dans le cadre du programme de surveillance des CSC affectant une partie du parc nucléaire et le tronçon concerné a été expertisé en laboratoire chaud. L’électricien indiquait alors que la fissure avait été détectée au niveau d’une « soudure doublement réparée lors du premier montage du circuit à la construction ». De son côté, l’ASN ajoute que « cette ligne était considérée par EDF comme non sensible à la fissuration par corrosion sous contrainte en raison notamment de sa géométrie. Toutefois cette soudure a fait l’objet d’une double réparation lors de la construction du réacteur, ce qui est de nature à modifier ses propriétés mécaniques et les contraintes internes du métal au niveau de cette zone ».
Classé 2 sur l’échelle Ines
Si ce phénomène découvert sur le réacteur 1 de Penly n’a pas eu de conséquences, il a été classé au niveau 2 de l’échelle Ines (Échelle internationale des événements nucléaires). C’est-à-dire comme un incident, là où l’ensemble des cas de CSC sur le reste du parc était limité au niveau 1, c’est-à-dire des anomalies. La démonstration de sûreté d’EDF inclut l’étude de la rupture d’une ligne RIS. EDF a même procédé à des calculs pour deux brèches simultanées sur deux lignes. L’opérateur conduit à l’absence de fusion du cœur. L’IRSN a réalisé ses propres calculs et partage les conclusions tirées par EDF.
EDF avait soumis en 2022 un grand programme de surveillance du phénomène de CSC sur les circuits RIS et RRA qui avait été validé par l’autorité. « Plus de 150 soudures ont fait l’objet d’expertises en laboratoire et les contrôles se poursuivent, avec un programme de contrôle de l’ensemble des réacteurs à partir de 2023 », explique l’ASN. Cette dernière demande désormais à EDF de réviser sa stratégie pour tenir compte de ces nouvelles informations. Elle prendra prochainement position sur cette stratégie révisée.
Pas un événement générique
Interrogé au Sénat le 8 mars dans le cadre de la réforme de la sûreté nucléaire en France, le président de l’ASN Bernard Doroszczuk a été interrogé sur le cas de la fissure à Penly. Après avoir rappelé que le phénomène de CSC découvert jusque-là était essentiellement lié à la géométrie des tuyaux, il explique que « le phénomène détecté (à Penly 1) est différent. C’est une soudure qui a été doublement réparée et dont l’alignement a été forcé. Nous sommes sur un point singulier, nous ne sommes pas sur une anomalie générique ».
Il ajoute que : « cela ne veut pas dire que ce défaut ne va pas apparaître ailleurs ». L’ASN demande donc à EDF d’identifier les cas semblables qui pourraient exister sur les autres réacteurs du parc pour contrôler ces soudures. « Cela ne supprime pas la stratégie initiale (de contrôle des CSC) mais cela ajoute un point de contrôle quand des réparations spécifiques ont été effectuées ». ■