« Cher Greenpeace » : une campagne de jeunes militants écologistes contre la position antinucléaire de l’ONG - Sfen

« Cher Greenpeace » : une campagne de jeunes militants écologistes contre la position antinucléaire de l’ONG

La décision de Greenpeace de poursuivre la Commission européenne sur le nucléaire a soulevé l’ire de jeunes militants environnementaux, menés par la Suédoise Ia Aanstoot. Héritière de Greta Thunberg, celle-ci veut que l’ONG stoppe son « idéologie démodée » et « opposée à la science ».

L’impact de Greenpeace sur les choix énergétiques en Europe est significatif. L’ONG a pesé lourdement ces dernières années dans les débats au sein de la Commission européenne, en luttant contre l’inclusion du nucléaire dans les législations de protection du climat. En particulier, Greenpeace s’est opposée à l’inclusion du nucléaire dans la Taxonomie, une liste d’activités favorables au climat. Mais l’atome y a tout de même été intégré au titre d’énergie de transition. En réponse, Greenpeace a décidé de poursuivre la Commission européenne.

Cette position est très critiquée non seulement par la communauté du nucléaire qui considère que l’ensemble des solutions bas carbone (nucléaire, hydraulique, éolien, solaire…) doivent être déployées pour répondre à l’urgence climatique, mais aussi par une branche croissante de jeunes activistes écologistes. C’est le cas de la jeune militante suédoise de 18 ans, Ia Aanstoot qui a décidé de lancer une campagne contre l’ONG.

Une opposition démodée et antiscience

Entrée dans l’activisme aux côtés de Greta Thunberg, Ia Aanstoot juge que le travail de Greenpeace sert plus les intérêts des combustibles fossiles que l’action en faveur du climat. À titre d’exemple, l’Allemagne qui a arrêté ses derniers réacteurs nucléaires en avril 2023 pour des raisons idéologiques est en train d’accroitre massivement ses moyens de production à base de charbon et de gaz. Ainsi, la militante, au côté de cinq autres militants en Europe (Suède, Pologne, France, Finlande et Pays-Bas), a lancé la campagne « Dear Greenpeace ». Elle demande à l’ONG de « renoncer à son opposition démodée et non scientifique à l’énergie nucléaire et de nous rejoindre dans la lutte contre les combustibles fossiles ».

Sur le site web du mouvement, elle explique : « Contrairement à certaines personnes qui dirigent Greenpeace, c’est ma génération qui devra vivre avec les conséquences du changement climatique. D’après mon expérience, les jeunes ont tendance à être ouverts à toutes les solutions, y compris le nucléaire ». Elle ajoute plus loin qu’elle se réfère à la science et aux avis du Giec : « Ma génération fait confiance à des organismes respectés comme le GIEC qui affirment que nous ne pouvons pas atteindre les objectifs climatiques de Paris sans énergie nucléaire. En d’autres termes, nous faisons confiance à la science ».

Témoigner contre Greenpeace

Au-delà de ces déclarations, la militante agit. Elle s’est adressée à la Cour de justice de l’Union européenne pour que son mouvement devienne « partie intéressée » dans la bataille juridique à venir entre la Commission européenne et Greenpeace. Si cette demande est retenue, cette jeune génération pourra témoigner dans ce procès en faveur de l’’utilisation de l’énergie nucléaire. Une pétition, organisée par Replanet, vise à soutenir la démarche de Ia Aanstoot formulée ainsi : « Abandonnez votre opposition démodée et non scientifique à l’énergie nucléaire et rejoignez-nous dans la lutte contre les combustibles fossiles ! ». ■

Par Ludovic Dupin
Image : Campagne « Dear Greenpeace » avec Ia Aanstoot – ©Replanet/DearGreenpeace