Belgique : accord pour la prolongation de deux réacteurs nucléaires - Sfen

Belgique : accord pour la prolongation de deux réacteurs nucléaires

Publié le 3 juillet 2023
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Engie et le gouvernement belge ont annoncé avoir trouvé un accord pour prolonger l’exploitation des réacteurs de Tihange 3 et Doel 4 de 10 ans alors que ceux-ci devaient, dans le cadre de la politique d’arrêt du nucléaire, fermer en 2025. Un accord qui s’incarne dans la signature d’un « accord intermédiaire » le 29 juin 2023 alors que le compromis définitif est attendu pour fin juillet.

« Après plusieurs mois de dialogue intense et constructif avec le gouvernement belge, nous sommes heureux de la signature de cet accord équilibré pour les deux parties », a déclaré Catherine MacGregor, Directrice générale d’Engie. Un accord qui, selon le gouvernement, vise à « assurer une répartition équilibrée des risques entre les deux parties et à éliminer les incertitudes concernant l’évolution des provisions liées au traitement des déchets nucléaires ». Les deux réacteurs, Tihange 3 et Doel 4, qui seront arrêtés à l’été 2025 pour maintenance, pourraient ainsi être de retour sur le réseau dès novembre 2026, voire dès novembre 2025 « sous réserve de la mise en œuvre effective d’un assouplissement annoncé de la réglementation », et ce pour 10 ans.

Répartir les risques

L’accord comprend également la création d’une structure juridique, dédiée aux deux unités prolongées, détenue à parité par l’état belge et Engie. L’objectif est d’aligner les intérêts des deux parties dans la durée alors que l’avenir du nucléaire a fait l’objet de nombreux revirements politiques. En témoigne le calendrier de la sortie du nucléaire qui à l’origine prévoyait la fermeture du premier réacteur des sept réacteurs en 2015 et celle du dernier en 2025. La fermeture de la première unité (Doel 3) n’est finalement intervenue qu’en 2022 et la date butoir est aujourd’hui repoussée à 2035.

Par ailleurs, le modèle économique de l’extension comprend un mécanisme de Contrat pour Différence[1] (CfD) « avec un intéressement de l’opérateur industriel à une bonne performance technique et économique des installations », souligne Engie. Enfin, les deux parties se sont mises d’accord sur la fixation d’un montant forfaitaire pour les coûts futurs liés au traitement des déchets nucléaires alors que ceux-ci faisaient auparavant l’objet d’une réévaluation tous les trois ans par la Commission des provisions nucléaires. C’est un montant total de 15 milliards d’euros qui sera provisionné pour toutes les installations du parc.

Deux réacteurs nécessaires pour sécuriser l’approvisionnement électrique

Les différentes études du gestionnaire de réseau belge, Elia, ont montré une difficulté à répondre à la demande d’électricité dès l’hiver 2025 sans nucléaire. Un constat réaffirmé dans l’étude publiée en parallèle de l’annonce, le 29 juin 2023. Ainsi, sans nucléaire il manquerait 2 GW de capacité dès l’hiver 2025, et ce même avec l’ouverture de deux nouvelles centrales à gaz. « si l’exploitation flexible à long terme (« Flex-LTO ») de deux réacteurs nucléaires belges ne se poursuit pas, des mesures exceptionnelles additionnelles devront être envisagées. Elles seront cependant insuffisantes, complexes et coûteuses et devraient donc être évitées », conclut le gestionnaire de réseau.■

Gaïc Le Gros (Sfen)

Crédit photo : Hatim Kaghat / BELGA MAG / Belga via AFP – La ministre de l’Energie, Tinne Van der Straeten, et le Premier ministre, Alexander De Croo, annoncent la signature de l’accord trouvé avec Engie lors d’une conférence de presse.

[1] Adossé à un actif de production, par exemple une centrale nucléaire, un contrat de type CfD garantit à l’exploitant un revenu au MWh fixe tiré de la vente d’électricité sur les marchés, quels que soient les prix. Généralement, c’est à une contrepartie étatique que revient la charge de verser le manque à gagner à l’exploitant lorsque le prix de marché est inférieur au prix du CfD, et de récolter le trop-plein perçu lorsque le prix de marché est supérieur au prix du CfD.

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