Agnès Pannier-Runacher explique le choix du Bugey pour la troisième paire d’EPR2 en France - Sfen

Agnès Pannier-Runacher explique le choix du Bugey pour la troisième paire d’EPR2 en France

Publié le 25 juillet 2023 - Mis à jour le 26 juillet 2023
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La première unité de la troisième paire d’EPR2 en France démarrera en 2042 sur le site du Bugey, choisi en préférence au site du Tricastin. Agnès Pannier-Runacher affirme que le site du Bugey est le mieux préparé sur le plan technique, ce qui permettra d’initier les travaux de manière plus rapide.

Le nouveau programme de construction de réacteurs nucléaires en France prend forme. EDF vient de déposer sa demande d’autorisation de création pour la construction de deux EPR2 à Penly (Seine-Maritime) et une seconde paire de réacteurs est déjà prévue à Gravelines. Le 19 juillet dernier, le dernier Conseil de politique nucléaire (CPN) a annoncé le choix du Bugey (Ain), situé sur le Rhône, pour la troisième paire. Le calendrier prévoit une mise en service de la première unité dès 2042. Le site était en concurrence avec le site du Tricastin (Drôme).

En déplacement sur le site du Bugey le lundi 24 juillet, la ministre de l’Énergie Agnès Pannier-Runacher a expliqué le choix du site par des « enjeux techniques » pour « tenir les calendriers ». Dans un entretien avec des journalistes, elles précisent : « Le site du Bugey était davantage prêt que celui du Tricastin, donc c’est un choix rationnel ». Le cabinet de la ministre ajoute : « Dans le cadre des derniers mois d’analyse, le site qui a été privilégié est celui du Bugey (…) celui qui permet de lancer le plus rapidement la construction puisque des études complémentaires sont à réaliser sur le site de Tricastin ».

Le site du Tricastin n’est toutefois pas définitivement écarté. En effet si la première phase du programme compte six EPR2, le président de la République avait demandé dès son discours de Belfort en 2022 d’étudier la faisabilité de construire huit réacteurs supplémentaires.

Le Bugey et l’eau du Rhône

La particularité du site du Bugey par rapport à Penly et à Gravelines est d’être située en bord de fleuve, là où les deux premiers sont en bord de mer. L’accès à la source froide est à observer de près dans un contexte de réchauffement climatique et d’occurrences de sécheresse accrues en France. En raison du changement climatique, d’aucuns alertent déjà sur le manque d’eau dans le Rhône dans les années à venir pour assurer le refroidissement. En réalité, ce risque est relativement faible.

Sur le site du Bugey, on trouve déjà quatre réacteurs, deux en cycle ouvert, deux en cycle fermé. Aujourd’hui, le prélèvement net d’eau (c’est-à-dire la consommation) de la centrale est de l’ordre de 1m3/s. Rapporté au débit du fleuve à la station hydrométrique la plus proche (Lagnieu), cela représente entre 0,1 % et 0,3 % du débit du Rhône selon les mois.

Impact de deux EPR2

Le maître d’ouvrage, EDF, a anticipé l’impact de la présence de deux EPR2. Ils prélèveraient 10m3/s et en restitueraient 80 %. Le prélèvement net serait donc d’environ 2m3/s, ce qui en l’état laisse la consommation en dessous de 1 % du débit pour l’ensemble de la centrale.

Quid de l’évolution du débit du Rhône dans les décennies à venir ? Selon les travaux de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée portant sur la période 2041-2070, on trouve à Lagnieu une augmentation du débit en hiver (médiane février +38%) et une baisse de débit en été (médiane août -19%). L’Agence rappelle que le premier utilisateur de l’eau du Rhône reste l’irrigation (voir ci-dessous).

Pour en savoir plus sur le sujet de la consommation d’eau des réacteurs nucléaire, vous pouvez consulter l’étude de la Sfen sur le sujet. Elle détaille centrale par centrale les prélevemnts et la consommation d’eau au pas mensuel.

Par Ludovic Dupin (Sfen)

Photo : Agnès Panier-Runnacher en visite au Bugey le 24 juillet 2023 – @MDE

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