Le Directeur de l’AIEA Rafael Grossi a renforcé les équipes à Zaporijia après la destruction du barrage de Kakhovka - Sfen

Le Directeur de l’AIEA Rafael Grossi a renforcé les équipes à Zaporijia après la destruction du barrage de Kakhovka

Publié le 16 juin 2023
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[Mis à jour 16/06/23] Jeudi 15 juin et pur la troisième fois depuis le début du conflit, Rafael Grossi, Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), s’est rendu sur le site de la centrale de Zaporijia. L’objectif était de constater la capacité de refroidissement des six réacteurs (à l’arrêt) plus d’une semaine après la destruction barrage de Kakhovka et la baisse significative du niveau d’eau dans le lac de retenue.

Dans un communiqué, l’AIEA rapporte que « le grand bassin de refroidissement de la centrale et les différents canaux situés sur le site ou à proximité contenaient des réserves suffisantes pour pouvoir fournir de l’eau de refroidissement à court et à moyen terme au cas où le réservoir ne pourrait plus être utilisé ». Actuellement, l’eau du canal de décharge de la centrale thermique de Zaporijia (ZTPP), située à proximité, alimente les bassins d’aspersion de la centrale nucléaire en compensant l’évaporation.

En l’état, les installations peuvent fournir un refroidissement pendant plusieurs mois ont constaté les inspecteurs. D’autant plus que des mesures de renforts ont été mises en place pour éviter les risques de fuites. Cela doit laisser le temps de mettre en place des solutions pérennes, comme l’installation de nouvelles pompes pour s’adapter au nouveau niveau du lac voisin ou « l’utilisation d’un réseau d’eau souterrain et de puits situés sur le site ».

« La situation est grave et nécessite une surveillance étroite et permanente. Mais pour l’instant, elle est maîtrisée », assure le patron de l’agence onusienne.

 

[Mis à jour 14/06/23] Mardi 13 juin, Rafael Grossi, Directeur général de l’Agence internationale de l’Énergie atomique (AIEA), est bien arrivé en Ukraine. Il s’est entretenu avec le président Volodymyr Zelensky. Dans une série de tweets, le patron de l’agence onusienne explique qu’il a fait un point, sans donner de détails, avec le dirigeant sur la situation à la centrale de Zaporijia après la destruction du barrage de Kakhovka.

En plus de cela, il assure avoir présenté au président ukrainien « un programme d’assistance basé sur des techniques nucléaires dans les domaines de la santé humaine, de la sécurité alimentaire et de l’eau potable, de la santé animale, de la gestion des sols et de l’eau, et de l’évaluation de la santé des infrastructures critiques après les inondations ».

Initialement, la visite sur site de Rafael Grossi était prévue ce mercredi 14 juin. Avec ses inspecteurs, il veut se rendre au niveau du canal de prise d’eau dans le lac. Ce dernier s’est vidé après la destruction du barrage. Le niveau d’eau ayant baissé de plus de sept mètres depuis le 8 juin, la centrale pourrait ne plus pouvoir pomper dans cette source froide à terme. Mais selon des informations de Reuters, ce déplacement est décalé d’une journée.

 

[Mise à jour 12/06/23] Le DG de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a annoncé sur twitter qu’il va se rendre sur le site de la centrale de Zaporijia. Il écrit : « En route pour l’Ukraine pour rencontrer le Président Zelensky et présenter un programme d’assistance à la suite de l’inondation catastrophique du barrage Kakhovka. J’évaluerai la situation à la centrale nucléaire de Zaporijia et effectuerai une rotation avec une équipe renforcée ».


Sur place le niveau de l’eau du réservoir continue de refluer atteignant désormais moins de 10 mètres. Pourtant la centrale thermique et la centrale nucléaire continue de pomper l’eau dans le réservoir par le canal thermique. Une situation qui interroge l’AIEA alors que le lac a atteint un niveau extrêmement bas. Dans un communiqué, elle écrit : « Les experts de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) doivent avoir accès à un site proche de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijia (ZNPP) afin de clarifier la raison d’un écart important entre les différentes mesures de la hauteur du réservoir qui fournit l’eau nécessaire au refroidissement des six réacteurs de la centrale et au stockage du combustible usé ». Elle précise : « À la hauteur actuelle du réservoir près de la ZTPP, les pompes à eau continuent de fonctionner. Pour l’instant, elles ne fonctionnent pas en continu, car le canal de la ZTPP et le grand bassin de refroidissement situé à proximité de la ZNPP sont pleins et disposent de réserves d’eau suffisantes pour répondre aux besoins de refroidissement pendant plusieurs mois ».

 

[Mise à jour 09/06/23] Jeudi 8 juin, l’AIEA a informé que le lac retenu par le barrage partiellement détruit de Kakhovka est passé en dessous de la limite de 12,7 mètres. Cette profondeur était considérée comme la limite en deçà de laquelle les systèmes de pompages pour le refroidissement de la centrale de Zaporijia seraient inopérants. Mais les pompes restent opérationnelles. D’anciens concepteurs des centrales sur la rive du lac expliquent que la limite minimum serait plutôt à 11 mètres, explique l’agence onusienne. Après cette limite, la centrale devra utiliser des systèmes alternatifs (voir ci-dessous).
De son côté, Energoatom indique, sur Telegram, que le lac est désormais à 11,7 mètres de profondeur, mais que le réservoir d’eau de la centrale maintient son niveau de 16,66 mètres.

 

[Publié le 08/06/23] Après l’effondrement d’une partie du barrage sur le Dniepr, le niveau du réservoir d’eau en amont a rapidement baissé ces dernières heures. En dessous de 12,7 mètres, la centrale ne pourra plus pomper l’eau voisine pour assurer son refroidissement. Cependant, les réserves sur site lui offrent une autonomie de plusieurs mois. C’est pourquoi les opérateurs s’attachent à les maintenir pleines, rapportent les agents de l’AIEA sur site.

Deux jours après la destruction partielle du barrage de Kakhovka, le niveau du lac en amont a significativement baissé. Il est passé d’environ 17 mètres de profondeur à 14,03 mètres à 18h00 le 7 juin, rapportait Rafaël Grossi, Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique. À en croire l’opérateur ukrainien d’ouvrages hydroélectriques Ukrhydroenergo, ce niveau est même descendu à 13,05 mètres, le 8 juin à 8h00.

Toutefois, le maximum de décrue semble être passé. « Le taux de baisse a légèrement ralenti, se situant entre 5 et 7 centimètres par heure, contre un pic d’environ 11 centimètres par heure hier », explique encore Rafaël grossi qui s’appuie sur les données envoyées par les experts de l’AIEA présents sur le site de Zaporijia. Le niveau d’eau est important, car si le niveau du réservoir passe en dessous de 12,7 mètres, la centrale nucléaire ne pourra plus y pomper pour ses besoins de refroidissement. En-deça, de nouveaux moyens de pompage devront être installés pour s’adapter au niveau du lac alimenté par le Dniepr.

De plusieurs semaines à plusieurs mois de réserves

Pour autant, la situation à la centrale ne présente pas de danger immédiat. D’une part, les six réacteurs de la centrale sont à l’arrêt. Aussi, les besoins de refroidissement pour évacuer la chaleur résiduelle (moins 1 % de la centrale à pleine puissance) des cœurs et des piscines d’entreposage de combustibles nucléaires sont extrêmement faibles. Les bassins équipés de systèmes d’aspersion, ou bassins fontaines, actuellement utilisés pour ce refroidissement disposent de « plusieurs semaines » de capacité, selon l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Même s‘il faudra veiller à en compléter l’eau perdue par évaporation.


Vue du site fournie par l’IRSN

En plus des « bassins à fontaines », la centrale dispose d’un UHS (Ultimate Heat Sink), un bassin de refroidissement ultime qui contient plusieurs mois de ressources en eau. « Ces sources d’eau seront suffisantes pour fournir à la centrale l’eau dont elle a besoin pour refroidir ses six réacteurs ainsi que son combustible usé pendant plusieurs mois », explique l’AIEA qui ajoute que « la centrale reconstitue en permanence ses réserves d’eau en utilisant pleinement l’eau du réservoir de Kakhovka tant que cela est encore possible ».

Limite de 10 mètres

Cette situation a été étudiée par l’Ensreg dans le cadre des stress-tests post-Fukushima. Le cas d’une destruction complète du barrage, dû à un séisme, avait été pris comme hypothèse dimensionnante du site. Toutefois l’IRSN rappelle qu’une baisse excessive du lac voisin pourrait conduire à perdre l’étanchéité de la réserve ultime d’eau du fait de la pression exercée par l’eau contenue. L’exploitant assure que l’intégrité de la réserve d’eau est assurée jusqu’à un niveau de 10 mètres dans le lac voisin.

Si la grande réserve de secours venait à être perdue, les petits bassins de refroidissement pourraient toujours être alimentés par des camions citernes ou de nouveaux moyens de pompage alternatifs. Malgré tout Rafael grossi appelle bien évidemment à la prudence, étant donné que la centrale reste toujours proche de la zone de front : « Il est essentiel de maintenir l’intégrité du bassin de refroidissement de la centrale. C’est essentiel pour que la centrale dispose de suffisamment d’eau pour assurer le refroidissement essentiel du site dans les mois à venir », explique-t-il. ■

Par Ludovic Dupin (Sfen)

Copyright : Centrale de Zaporijia au bord du réservoir du Dniepr – Photo by Handout / UKRAINIAN PRESIDENTIAL PRESS SERVICE / AFP

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