7. Reportage au coeur du laboratoire souterrain de l'Andra - Sfen

7. Reportage au coeur du laboratoire souterrain de l’Andra

Publié le 24 avril 2023 - Mis à jour le 25 juillet 2023

Article publié dans la Revue Générale Nucléaire PRINTEMPS 2023 #1

Bienvenue au laboratoire souterrain de l’Andra, une installation en perpétuelle évolution située entre les départements de la Meuse et de la Haute-Marne. Le site, creusé dès l’an 2000, permet de préparer la construction et l’exploitation de Cigéo, le projet français de stockage géologique qui pourrait recevoir une autorisation de création en 2027.

Depuis plus de vingt ans, le laboratoire souterrain est un « atout scientifique exceptionnel » de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra). Les expériences menées sur place ont notamment permis de confirmer les qualités de l’argile du Callovo-Oxfordien pour le stockage géologique des déchets nucléaires du projet Cigéo. Il s’agit en particulier de garantir le confine- ment des radionucléides sur des échelles de temps qui nous dépassent en tant qu’individus, mais aussi en tant que civilisation. À cet égard, la stabilité de cette couche d’argile depuis 25 millions d’années est particulière- ment avantageuse.

Ces expériences sont également venues alimenter les 10 000 pages de la demande d’autorisation de création de Cigéo, déposée le 16 janvier 2023 par l’Andra. Aujourd’hui encore, l’activité reste importante au cœur des 2 000 mètres de galeries. Le laboratoire permet notamment de qualifier les techniques et les matériels qui seront utilisés pour la construction et l’exploitation de Cigéo. Les galeries du laboratoire ne serviront jamais quant à elles au stockage des déchets car l’installation a été dimensionnée pour ne pas être « convertible ».

Un voyage à travers le temps

Notre destination se situe à cheval entre les villes de Bure dans la Meuse et de Saudron, en Haute-Marne. Le trajet qui nous conduit là depuis Paris a été d’emblée marqué par la perspective temporelle, omniprésente dans le nucléaire : la gare Meuse TGV est en effet située à quelques kilomètres de Verdun et nous empruntons la Voie sacrée, l’artère vi- tale de la France qui alimentait le front lors de la Première Guerre mondiale. Après une heure de route, nous arrivons sur le site qui rassemble plusieurs bâtiments parmi lesquels l’espace technologique et celui qui abrite le puits de descente pour le laboratoire. C’est dans ce premier que nous nous rendons. Le bâtiment à l’architecture moderne met à disposition du public un grand nombre d’informations présentées de manière pédagogique. L’un des espaces invite par exemple à réfléchir à la question de la transmission de la mémoire en présentant différents supports associés à des sabliers témoignant de leur (faible) durabilité. De fait, comment assurer la transmission de la mémoire au-delà de 500 ans après la fermeture de Cigéo, prévue aux alentours de 2150 ? À quoi ressemblera le monde, en 2650 ? Les échelles de temps sont vertigineuses et nous sommes projetés dans une temporalité renvoyant brutalement notre existence à l’éphémère1.

Déchets : l’espace technologique fait le point

Accompagnés par Audrey Guillemenet du Service communication et dialogue2, nous nous rendons dans un vaste hangar où sont reproduits les colis de déchets nucléaires destinés à Cigéo. Cela permet de redonner les ordres de grandeur. Les deux types de colis de déchets (vitrifiés et compactés) sont par ailleurs représentés avec leur contenant. La pancarte associée rappelle que les déchets de Haute activité (HA), vitrifiés, représentent 94,9 % de la radioactivité, mais seulement 0,2 % du volume. Les déchets de Moyenne activité à vie longue (MA-VL), compactés, représentent quant à eux 2,9 % du volume pour 4,9 % de la radioactivité. À l’inverse, les déchets de faible et moyenne activité à vie courte (FMA-VC) représentent près de 69 % du volume pour 0,03 % de la radioactivité. Un peu plus loin, il est possible de fouler la carte du projet Cigéo. « Le bâtiment où nous sommes sera la zone de descenderie », explique Audrey. Un funiculaire transportera les colis le long d’une pente de 12 % sur plus de quatre kilomètres. À l’arrivée se dresseront cinq puits verticaux destinés à relier la zone de travaux à la surface et assurer la bonne ventilation ainsi que le déplacement du personnel, des matériaux et des engins.

Ensuite, sont exposés des conteneurs en béton qui pourront accueillir plusieurs fûts inox MA-VL. Des conteneurs en acier pour les déchets HA sont également exposés. Les premiers pourront être rangés dans les gale- ries alors que les seconds seront glissés dans des alvéoles qui, décrits plus vulgairement, sont de longs tubes en acier.

 

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Par Gaïc Le Gros, Sfen

Photo ©Romain Bassenne I Cette galerie est la seule qui a été creusée aux dimensions de Cigéo.