3/9 – Transition énergétique, « intensité matières » et criticité - Sfen

3/9 – Transition énergétique, « intensité matières » et criticité

Publié le 20 septembre 2021 - Mis à jour le 2 novembre 2021
  • Approvisionnement
  • Bas carbone
  • Matières premières
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L’augmentation régulière des concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère sous l’effet des activités anthropiques conduit aujourd’hui à des modifications majeures du climat terrestre comme vient de le rappeler le rapport du GIEC1. La France s’est engagée dans une stratégie ambitieuse de réduction de ses émissions afin d’atteindre la neutralité carbone2 en 2050.

Cette stratégie repose notamment sur une modification profonde de nos consommations d’énergie en accélérant l’électrification des usages, en améliorant l’efficacité énergétique et en maintenant un mix électrique décarboné. Ces changements requièrent le déploiement de nouvelles technologies bas carbone reposant sur le nucléaire et les énergies renouve­lables et sur le numérique (IA, réseau intelligent, etc.), mobilisant des quanti­tés importantes de matières premières, métaux de base et de métaux rares.

Le succès de la transition énergétique et numérique repose implicitement sur la capacité à réussir les approvi­sionnements de ces ressources, en les sécurisant mais aussi en s’assurant qu’ils intègrent la prise en compte des risques en­vironnementaux, sociaux et géopolitiques pesant sur ces filières d’importation. Être capable de se projeter sur l’évolution des be­soins nationaux et les mettre en regard avec les ressources disponibles et les risques asso­ciés est indispensable et requiert une veille économique et technologique reposant sur des méthodologies d’analyse et d’évaluation bien spécifiques. C’est ce que les experts du métier appellent souvent l’intelligence miné­rale, que le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) développe de longue date pour les pouvoirs publics et les indus­triels français.

Méthodologie d’évaluation de la criticité des matières premières

Dans le cadre des travaux menés pour le Comité pour les métaux stratégiques (Comes) et de ses missions de service public, le BRGM a été chargé, dès 2010, de réaliser des études sur la criticité d’un certain nombre de substances minérales. L’approche s’appuie sur plusieurs méthodologies développées à partir de 2007 afin de mesurer les impacts économiques en cas de rupture d’approvisionnements de subs­tances minérales et de les classer par « degré de criticité »3. La plupart des méthodologies intègrent deux axes qui découlent de la per­ception mathématique du risque : le premier pour évaluer la probabilité d’occurrence d’un événement perturbateur dans la chaîne d’ap­provisionnement ; le second pour évaluer l’im­portance économique de cette rupture d’approvisionnement et ses conséquences.

Les principaux paramètres jouant sur la vulnérabilité d’approvisionnement d’une substance sont les suivants :

la disponibilité géologique, traduite par la connaissance/découverte de réserves économiquement exploitables pour une durée donnée à une date donnée ;
l’exposition politique des principaux pays producteurs et leur potentielle infl uence sur l’off re disponible (restrictions au libre commerce) ;
l’existence de maillons sensibles de la chaîne d’approvisionnement entraînant des incertitudes sur l’offre mondiale ;
l’incertitude de la demande, gouvernée par la croissance de nouvelles technologies et les bouleversements industriels correspondants ;
la vulnérabilité relative à l’absence de substitution d’une substance dans un circuit de production donné ;
la possibilité de répondre pour partie à la demande par le recyclage d’objets en fi n de vie ou de rebuts de fabrication.

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Par Gaétan Lefebvre, Patrick D’Hugues et Christophe Poinssot, BRGM

Photo © Adwo/Shutterstock – Légende I Un géologue échantillonne des roches à ciel ouvert (Australie).

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