Kimlee Bourgeois, la sûreté et l’innovation - Sfen

Kimlee Bourgeois, la sûreté et l’innovation

À 18 000 km de sa terre natale polynésienne, Kimlee Bourgeois construit sa vie à Paris depuis dix ans. En poste à l’IRSN, la jeune ingénieure a trouvé sa voie dans les  études probabilistes de sûreté sur le parc nucléaire en exploitation, un domaine complexe qui la passionne, tout comme la préservation de sa culture maohie.

Originaire de Papeete, la porte d’entrée de la Polynésie française, Kimlee Bourgeois a grandi sous le soleil de Tahiti, la « Perle du Pacifique ». Très attachée à son « magnifique fenua », sa terre natale, à la beauté de la nature, de la mer et fière de sa culture, elle a très tôt été fascinée par les matières scientifiques et de fil en aiguille, par les enjeux de la production électrique. Est-ce le souhait de préserver la beauté du monde dans lequel elle a grandi qui a conduit la jeune Tahitienne à suivre une voie scientifique, attirée par les énergies renouvelables et bas carbone ? En tout cas, le nucléaire civil est « un domaine qui a toujours éveillé ma curiosité », avoue-t-elle, malgré le lourd héritage que porte son territoire avec les essais militaires.

Cap sur Paris

Férue de physique, elle décide de rejoindre la métropole en 2012. « Je suis arrivée à Paris pour faire une prépa scientifique et suivre des études d’ingénierie, car cette  orientation n’existait pas encore en Polynésie ». Des bancs du lycée Concordet à ceux de l’École nationale supérieure d’arts et métiers (ENSAM) puis de l’Institut national des sciences et techniques nucléaires (INSTN), Kimlee atteint ses objectifs. Elle décroche en 2018 un double diplôme d’ingénieure en génie atomique, une spécialité qu’elle choisit pour apporter son expertise à la sécurité et à la fiabilité des installations nucléaires.

L’IRSN, un choix de carrière

En 2019, après un master en gestion industrielle, elle intègre la société d’ingénierie-conseil Oakridge. Mise à disposition chez Thalès, elle est chargée de développer les simulateurs d’entraînement. Puis elle est envoyée à l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) où elle se spécialise dans les études probabilistes de sûreté sur le parc en exploitation. En mission chez Edvance, sa casquette de pilote des relations avec les autorités (ASN/IRSN) lui permet de renforcer ses compétences en management au sein du service Sûreté nucléaire environnement (SNE), puis de l’équipe Management de la sûreté et de conformité avec les autorités. « Ces missions variées m’ont fait réfléchir sur l’orientation à donner à ma carrière », ajoute-t-elle. Elle a finalement rejoint l’IRSN en juin 2023, où elle renoue ainsi avec sa passion pour les études probabilistes de sûreté, convaincue du potentiel de développement et d’innovation dans ce domaine.

Innovatome avec brio

En 2022, l’événement Innovatome, orchestré par la Sfen Jeune Génération (JG), a été l’occasion pour Kimlee de relancer la première édition post-covid, en tant que cheffe de projet. Une réussite puisque l’équipe lauréate en France, celle du projet Navigatom, brillera lors de la finale internationale qui s’est déroulée au Japon.

L’organisatrice s’en souvient : « Une expérience personnelle marquante et un temps fort pour toute l’équipe ».

Kimlee contribue aussi au concours I4N (Innovation pour le nucléaire) qui s’est déroulé en Pologne en mai 2023 avec l’ENS-YGN. Réunissant les finalistes des concours nationaux Innovatome de France, d’Espagne, de Hongrie et de Pologne, I4N ambitionne d’attirer « encore plus de pays et surtout d’impulser la création de concours d’innovation nucléaire chez nos voisins européens. »

Fleurs de tiaré en héritage

Côté vie privée, Kimlee est la co-fondatrice d’une association polynésienne à Paris où elle enseigne la danse traditionnelle Ori tahiti. Elle se produit également sur scène. « Nous soutenons aussi d’autres associations polynésiennes avec par exemple des spectacles pour les malades polynésiens ». Son objectif est de préserver et transmettre l’essence même de son fenua en métropole et ainsi d’estomper un peu les 18 000 km qui l’en séparent.


À propos de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN)

L’expert public des risques nucléaires et radiologiques

Missions
→ Expertiser, rechercher, protéger, anticiper, partager au service des pouvoirs publics et de la population.
→ L’IRSN analyse la sûreté des installations nucléaires civiles (les réacteurs nucléaires, les installations du cycle du combustible, les installations de recherche et le transport de matières radioactives), de la conception jusqu’au démantèlement.

Trois grands pôles de compétences
Santé et environnement ; défense, sécurité et non-prolifération ; sûreté nucléaire.
En 2021
→ 1 725 salariés → 272 M€ budget → 39,1 % du budget consacré à la recherche → 285 accords de coopération internationale → 577 avis et rapports techniques remis aux autorités de sûreté et de sécurité civile et de défense

Par Sylvie Delaplace, Sfen
Portrait RGN # ÉTÉ 2023 – Kimlee Bourgeois © DR
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