Le nucléaire dans le monde - Sfen

Le nucléaire dans le monde

Synthèse

Au total, ce sont près de 450 réacteurs nucléaires qui sont en fonctionnement début 2021. Répartis dans une trentaine de pays, ils produisent 10 % de l’électricité mondiale. Une électricité répondant aux enjeux de lutte contre le changement climatique et contre la précarité énergétique tout en renforçant l’indépendance des États.

Dans le monde, les énergies bas carbone comme le nucléaire et les renouvelables sont toujours minoritaires par rapport aux énergies fossiles néanmoins l’essor des énergies bas carbone est inéluctable. Trois raisons à cela : le besoin impérieux de réduire les émissions de CO2 pour lutter contre le changement climatique, la nécessité de répondre aux besoins en électricité de plus en plus importants, et, pour certains pays, le besoin de renforcer leur indépendance énergétique.

Début 2020, près de 450 réacteurs nucléaires étaient en exploitation dans 31 pays et plus d’une cinquantaine de réacteurs étaient en construction. En 2019, le nucléaire a produit 2 657 TWh d’électricité bas carbone, soit environ 10 % de la production électrique mondiale. Les pays avec les plus grands parcs nucléaires au monde sont les États-Unis, qui disposent de 94 réacteurs en service, la France avec 56 réacteurs et la Chine en troisième position avec 47 réacteurs en exploitation. Certains pays souhaitent agrandir leur parc nucléaire voire construire leurs premiers réacteurs alors que d’autres souhaitent le réduire ou l’arrêter définitivement. Point de situation sur le nucléaire dans le monde.

I – La production nucléaire mondiale

Les énergies fossiles restent dominantes dans la production d’électricité mondiale. En effet, en 2018, le charbon représentait une part de 38 % de la production mondiale d’électricité, le gaz 23 % et le pétrole 2,9 % soit un total de 63,9 % d’électricité fortement carbonée. En tête des énergies bas-carbone se trouve l’hydraulique avec 16,2 % et le nucléaire avec 10 % de la production mondiale d’électricité. Le solaire et l’éolien représentent une part respective de 2,1 % et de 4,8 %.

Pour en savoir plus sur les émissions de CO2 des différentes énergies.

Depuis plusieurs années la production nucléaire est en hausse. En 2019, la World Nuclear Association relevait une augmentation de la production de 95 TWh par rapport à 2018. Cette croissance se situe en Asie (+ 90 TWh) et en particulier en Chine. Le pays ambitionne de dépasser les productions nucléaires française et américaine d’ici 15 ans.

II – Quels sont les pays s’engageant vers de nouvelles capacités nucléaires ?

De nombreux pays souhaitent développer de nouvelles capacités nucléaires que ce soit un renouvellement de leurs centrales ou la construction d’une toute première unité. A l’été 2020, 54 réacteurs étaient en construction dont 15 en Chine. Panorama du nouveau nucléaire.

En Europe, la Pologne, la République tchèque, la Hongrie, la Roumanie, la Slovaquie, la France et la Slovénie ont réaffirmé en 2021 leur souhait de développer l’énergie nucléaire dans une lettre pour l’inclusion du nucléaire dans la taxonomie européenne, le projet de label vert européen. En 2021, le vieux continent compte notamment quatre EPR, le réacteur français de nouvelle génération, en construction dont un en France, un en Finlande et deux au Royaume-Uni. Les Britanniques étudient également plusieurs projets à Sizewell, Bradwell, et à Wylfa Newydd avec différents constructeurs.

Pour en savoir plus sur le nucléaire en France.

Un peu plus à l’est, l’autorité de sûreté hongroise a donné son feu vert en 2020 pour la construction de deux unités de technologie russe (VVER-1200) sur le site de Paks. La Pologne a l’objectif de construire de 6 à 9 GW de nucléaire et multiplie les accords de coopération, notamment avec les Etats-Unis. La Biélorussie renouvelle son parc avec la construction de deux unités VVER dont la première a été connectée au réseau fin 2020.
En Russie, le nucléaire, avec 38 unités réparties sur 10 centrales, répond à environ 20 % (2019) des besoins en électricité du pays. Entre 2016 et 2021, le pays a mis en service sept réacteurs dont deux de faible puissance qui équipent la barge Akademik Lomonosov.

Aux États-Unis deux réacteurs (AP1000) sont en construction et plusieurs modèles de petits réacteurs modulaires (SMR) sont en développement pour un déploiement à la fin de la décennie. Le nucléaire représente 10 % du mix électrique qui est dominé à 60 % par les énergies fossiles.

Le Canada produit 18 % de son électricité grâce au nucléaire (2018) et souhaite prolonger l’exploitation de ses centrales nucléaires. De plus, plusieurs provinces – l’Ontario, le Nouveau-Brunswick et le Saskatchewan – étudient la construction de petits réacteurs modulaires (SMR) sur leur territoire.

En Asie, les autorités chinoises ont déclaré en 2021 viser la construction de 19 GW de capacités nucléaires supplémentaires dans les cinq ans à venir, soit la mise en service d’environ cinq réacteurs par an. Le Japon redémarre lentement son parc nucléaire avec comme objectif un retour du nucléaire à hauteur de 20-22 % du mix électrique en 2030. L’Inde poursuit la construction de ses réacteurs « made in India » et vise 22,48 GW de capacité nucléaire d’ici 2032, contre 6,78 GW actuellement.

Les Émirats arabes unis ont fêté le premier mégawatt produit par une centrale nucléaire sur le territoire en avril 2021. La centrale de Barakah construite  avec le partenaire coréen KEPCO compte un réacteur APR-1400 en service et trois autres en construction.

La Turquie construit, avec la Russie, sa première centrale nucléaire. Elle sera composée de quatre réacteurs de 1 200 MW et produira 10 % de l’électricité du pays. Début 2021, trois réacteurs sont déjà en construction.

III – Quels sont les pays souhaitant sortir du nucléaire ?

En Allemagne, la sortie du nucléaire est actée et accélérée en 2011 après l’accident nucléaire de Fukushima. Alors que le nucléaire représentait environ de 25 % de son mix électrique, le pays programme un arrêt de ses réacteurs pour 2022.

La Suisse, en 2011, s’est également engagé vers un arrêt de son parc nucléaire. Néanmoins afin de sécuriser son approvisionnement électrique les quatre réacteurs du pays n’ont pas été fermés prématurément. Ils ont produit 35 % de l’électricité nationale en 2019.

En Belgique, c’est la loi du 31 janvier de 2003 qui oriente le pays vers une sortie du nucléaire en 2025, réaffirmée depuis dans le Pacte énergétique.

L’Espagne vise l’arrêt de son parc nucléaire qui se compose de sept réacteurs répartis sur cinq centrales nucléaires et produisant environ 20 % de l’électricité du pays d’ici à 2035.

Le gouvernement sud-coréen élu en 2017 a affirmé vouloir arrêter tous ces réacteurs nucléaires d’ici 40 ans. Les deux réacteurs les plus récents, entrés en service en 2016 et 2018, pourraient donc être exploité pendant environ 40 années. En 2019, les 24 réacteurs coréens ont produit 26 % de l’électricité du pays.

A Taïwan, le gouvernement élu en 2016 orientait le pays vers un arrêt du parc d’ici 2025. Néanmoins, en 2018, lors d’un référendum les Taïwanais ont rejeté à 59 % la politique d’arrêt du nucléaire et la date butoir de 2025 fut retiré. Un nouveau référendum doit se dérouler en août 2021 sur la question du redémarrage de la construction de deux nouveaux réacteurs nucléaires. Le nucléaire pourrait donc, à l’image de la Corée du Sud, resté dans le mix électrique du pays pendant plusieurs décennies.

63,9 %
de l'électricité mondiale a été produite par des énergies fossiles en 2018.
Agence internationale de l'énergie (AIE)
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