Le nouveau nucléaire doit faire partie du plan de relance de l’économie française - Sfen

Le nouveau nucléaire doit faire partie du plan de relance de l’économie française

Publié le 12 mai 2020 - Mis à jour le 2 juillet 2020
Avis

Dans le secteur de l’électricité où les investissements sont les clés du long terme, la réponse de Roosevelt à la crise de 1929 est porteuse d’enseignement dans la mesure où le New Deal « cherchait à piloter ensemble trois horizons d’action : l’intervention d’urgence, la relance, et un profond changement dans le projet de société (relief, recovery, reform) »1.

Cet avis de la SFEN se concentre sur les deux derniers objectifs : la relance et la transformation.

Troisième filière industrielle nationale, ancrée dans les territoires et exportatrice, l’industrie nucléaire est un des moteurs de la relance. C’est particulièrement vrai du programme de maintenance et d’investissement d’EDF pour la prolongation du parc nucléaire, dit « Grand carénage ». Au-delà des investissements sur le parc, la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) 2019-2024 a mis en place un programme de travail destiné à instruire, d’ici mi-2021, l’option de construire de nouveaux réacteurs nucléaires.

Un programme de nouvelles constructions nucléaires :

  • Serait un outil efficace pour la relance de notre économie. La construction d’une série d’EPR, infrastructure stratégique, créerait de nombreux emplois à court-terme au sein de la chaine industrielle, avec une part des entreprises françaises estimée à plus de 80 %. Il contribuerait à amortir les effets de la crise d’autres secteurs sur le tissu industriel. Il permettrait de consolider les compétences de la filière, à un moment charnière pour l’industrie avec la mise en service des premiers EPR source de nombreux enseignements, et d’enclencher les effets de série nécessaires pour assurer la compétitivité du nouveau nucléaire français. Ces nouveaux chantiers, avec un des plus faibles taux d’importation, auraient aussi un fort effet entrainement sur le reste de l’économie (en France, chaque euro investi dans le nucléaire génère 2,5 euros dans le reste de l’économie) et plus particulièrement dans les territoires d’accueil. Le programme a déjà franchi plusieurs étapes clefs, pour permettre une décision mi-2021.
  • S’inscriraient dans les objectifs de transformation de long-terme du « monde d’après ». L’énergie nucléaire coche trois cases essentielles : elle est un des contributeurs clefs à la réalisation des objectifs climatiques, elle est indispensable pour garantir la résilience de notre système électrique à des chocs futurs, enfin elle est le socle de nos souverainetés énergétique et industrielle. Au-delà, l’industrie nucléaire sera l’alliée des politiques de réindustrialisation, en apportant à la fois de l’électricité bas-carbone compétitive aux usines 4.0, ainsi que ses technologies et ses savoirs faire au service de l’innovation industrielle.

1 Penser l’après : la reconstruction plutôt que la reprise. P.Criqui et S. Treyer, The Conversation Avril 24, 2020

© Shutterstock