A quoi sert la chaleur résiduelle des réacteurs nucléaires ?
Encore largement inexploitée, la chaleur produite par un réacteur nucléaire et non transformée en électricité contient un potentiel valorisable très important, capable de chauffer des réseaux urbains mais aussi de servir pour l’industrie, notamment la production d’eau potable ou d’hydrogène. De nouveaux réacteurs sont même conçus avec cet objectif.
Très souvent, la « chaleur fatale »1 des réacteurs n’est pas valorisée. En effet, si un tiers de la chaleur produite dans le cœur d’un réacteur est transformée sous forme d’électricité, le reste est dissipé dans la nature, en vapeur d’eau par exemple. Or, si ce gisement énergétique est très important, les besoins de chaleur le sont aussi. Ils varient selon les utilisateurs et leurs usages : dessalement, chaleur urbaine (eau chaude, chauffage) à destination des logements comme des entreprises du tertiaire, fourniture de chaleur pour les procédés industriels.
En Europe de l’Est, plusieurs réacteurs valorisent déjà cette chaleur pour chauffer des réseaux urbains. En France, le potentiel de valorisation de la chaleur à proximité des centrales nucléaires françaises serait de 22 TWh pour l’industrie et de 25 TWh pour les réseaux urbains de chaleur, selon l’Association nationale de coordination de la recherche pour l’énergie (ANCRE). Plusieurs centrales valorisent déjà, à la marge, cette chaleur, en chauffant des serres agricoles installées à proximité ou des installations touristiques.
Plusieurs projets sont en développement, comme dans le Nord de la Chine ou en Finlande, pour chauffer des agglomérations avec de petits réacteurs modulaires (SMR). La chaleur d’autres réacteurs pourrait aussi servir à la production d’hydrogène, c’est l’une des ambitions du SMR de NuScale.