Tricastin : pourquoi l’ASN a exigé l’arrêt provisoire de la centrale - Sfen

Tricastin : pourquoi l’ASN a exigé l’arrêt provisoire de la centrale

Publié le 3 octobre 2017 - Mis à jour le 28 septembre 2021
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Entretien avec Rémy Catteau, directeur des centrales nucléaires, et Christophe Kassiotis, directeur des déchets, installations de recherche et du cycle, à l’ASN, sur les raisons de la demande d’arrêt de la centrale nucléaire du Tricastin.

Y-avait-il un caractère d’urgence pour que les quatre tranches de la centrale de Tricastin soient mises à l’arrêt ?

Rémy Catteau. L’inondation résultant d’une rupture d’une partie de la digue du canal de Donzère-Mondragon pourrait conduire à un accident de fusion du combustible nucléaire des quatre réacteurs de la centrale nucléaire du Tricastin et rendrait particulièrement difficile la mise en œuvre des moyens de gestion d’urgence internes et externes. L’ASN a considéré que l’absence de démonstration de la résistance de cette digue à un séisme d’intensité supérieure au séisme maximal historiquement vraisemblable (SMHV) est inacceptable.


L’ASN juge le risque inacceptable


Qu’en est-il des installations d’AREVA ?

Christophe Kassiotis.  Trois sujets de sûreté justifiant de prescrire ont été identifiés :

  • Comhurex 1 (installation présentant des risques chimiques) est maintenue à l’arrêt en l’attente de renforcement des moyens de limitation des conséquences d’un rejet chimique ;
  • Usine W (installation présentant des risques chimiques) continue à fonctionner. Nous avons demandé à Areva de renforcer ses moyens de limitation des conséquences d’un rejet chimique sous un mois. Le produit de sortie de l’usine – U308 – est plus sûr que le produit d’entrée – UF6 – donc il y a un intérêt pour la sûreté à maintenir cette installation en fonctionnement jusqu’à ce que la nouvelle installation, actuellement en construction soit terminée (avant juin 2018).
  • Un parc d’entreposage où nous avons demandé à Areva de renforcer les encrages pour être robuste face à une inondation après séisme.

D’autres CNPE sont-ils concernés par une mise à l’arrêt (parce qu’ils ne répondraient pas aux exigences SMS) ?

Rémy Catteau. Deux centrales nucléaires d’EDF sont situées sous le niveau d’un canal : celles du Tricastin et de Fessenheim. En ce qui concerne la centrale nucléaire de Fessenheim, EDF a justifié la résistance de la digue à des niveaux de séisme importants qui ont été définis pour prendre en compte le retour d’expérience de l’accident de Fukushima. 

Quelles sont les différences entre le SMHV et le SMS ? Sur quels critères le SMS se fonde-t-il ?

Christophe Kassiotis. Le séisme majoré de sécurité (SMS) est le niveau de séisme pris en compte dans la démonstration de sûreté nucléaire. Il est déterminé à partir du séisme maximal historiquement vraisemblable (SMHV) qui est classiquement associé à une période de retour de 1000 ans. Ce niveau de séisme peut être considéré comme le plus intense « de mémoire d’homme » recensé dans la région considérée. Le SMHV est défini en déplaçant forfaitairement le séisme historique au plus près du site.

Le SMS spécifique au site est établi à la suite d’une majoration forfaitaire sur la magnitude du SMHV de 0,5 points sur l’échelle de Richter. Cette majoration permet de couvrir notamment d’éventuelles incertitudes sur les données historiques.

Crédit photo : EDF / FHAL ROBERT


Par la rédaction

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