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L’offre française en Arabie Saoudite

Publié le 7 août 2015 - Mis à jour le 28 septembre 2021
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L’Arabie Saoudite n’affectionne pas uniquement les belles plages de la French Riviera, le pays s’intéresse aussi à notre expertise dans le nucléaire et investira massivement dans les années à venir, pour transformer son système électrique. Le nucléaire est appelé à jouer un rôle aux côtés de l’énergie solaire. L’équipe de France souhaite participer à ce grand projet. Comment s’organise-t-elle ? Quelles sont ses ambitions ? Quelles sont les prochaines étapes ? 

 

La transition énergétique saoudienne

En Arabie Saoudite, les autorités doivent faire face à une hausse constante de la consommation d’énergie. Pour éviter que cette consommation locale ne vampirise trop les exportations de pétrole et de gaz (principales sources de production d’électricité du pays), l’Arabie Saoudite souhaite diversifier son mix électrique.

Les ambitions du Royaume en matière de transition énergétique sont à l’échelle des moyens financiers dont il dispose. Sa rente pétrolière lui permet de financer l’essor de nouvelles technologies, précisément l’énergie solaire et le nucléaire. 210 milliards seront investis – dont la moitié pour le nucléaire – pour qu’en 2032, 50 % de l’électricité soit décarbonée. Si l’Arabie Saoudite confirme son ambition, seize réacteurs nucléaires pourraient voir le jour dans les vingt prochaines années.  

Nucléaire et solaire ont été choisies pour leurs caractéristiques propres et pour leur complémentarité. Ni l’une ni l’autre n’émettent (ou très peu) de gaz carbonique. La production d’électricité est locale et à des coûts de plus en plus compétitifs (ici, les coûts de production du solaire bénéficient de la géographie et de la météo du pays). Par ailleurs, nucléaire et solaire peuvent alimenter des usines de dessalement de l’eau de mer grâce à un système de cogénération. Cette particularité technologique est précisément un atout pour ce pays sans lac ni rivière permanents mais bordé par la mer Rouge et le Golfe persique.

En dépit d’un ensoleillement de qualité, les technologies solaires ne permettent pas de produire de l’électricité de manière continue et/ou programmable. Le nucléaire agit alors comme un socle suffisamment flexible, une énergie de base capable de produire de l’électricité quand les renouvelables ne sont pas disponibles. 

 

Formations, accompagnement industriel et échanges : les piliers de l’offre française  

Les acteurs français du nucléaire ont appris de leurs erreurs, notamment en 2009 aux Emirats Arabes Unis. Très tôt, l’ensemble de la filière s’est concertée pour présenter un projet cohérent et parler d’une seule voix aux autorités saoudiennes chargées du programme nucléaire. Ce travail d’équipe s’exprime – entre autres – par la tenue d’un bureau commun EDF-AREVA à Riyad (ce dispositif est antérieur au rapprochement stratégique annoncé la semaine dernière entre les deux groupes), composé pour l’essentiel de collaborateurs saoudiens.

Depuis trois ans, l’ « équipe de France du nucléaire » travaille sur un plan d’action articulé autour de trois piliers : le développement des compétences des Saoudiens, l’accompagnement industriel des entreprises locales et des échanges entre les deux électriciens Saudi Electric Company (fournisseur unique de l’électricité du pays) et EDF.

Les Saoudiens insistent particulièrement sur le développement des compétences. La France a compris cette exigence. L’année dernière, une quarantaine de stagiaires saoudiens issus de différents Masters a été accueillie dans les entreprises françaises pendant plusieurs mois. Le succès de l’initiative permettra cette année d’aller encore plus loin : une cinquantaine de stagiaires sera accueillie et bénéficiera, en plus du stage, d’une formation à l’Institut international de l’énergie nucléaire (I2EN). Parallèlement, l’institut français travaille aux côtés des universités saoudiennes pour créer des formations spécifiques au nucléaire et des modules de cours dans certains masters.

L’Arabie Saoudite souhaite bâtir une filière industrielle. Pour l’y aider, EDF et AREVA encouragent les entreprises locales à monter en compétences et devenir fournisseurs des industriels français. Les critères de sélection des deux groupes sont présentés à l’occasion de « suppliers day ». Les entreprises françaises se rendent ensuite dans les usines des entreprises pour évaluer l’organisation, les ateliers de fabrication, etc. Puis une sélection permet d’identifier les entreprises les plus motivées. Celles-ci sont réparties en deux groupes « silver » et « gold ». Dans le premier, les entreprises suivent une formation de cinq jours sur les principes généraux du nucléaire. L’accent est mis sur la sûreté : impératifs, équipements, exigences, qualification, préparation, référentiel, etc. La formation « gold » permet aux entreprises saoudiennes de venir en France découvrir les ateliers et les usines des partenaires qui travaillent déjà pour EDF et/ou AREVA.

Enfin, le dernier pilier de l’offre française constitue en des échanges entre Saudi Electric Company et EDF. Dans la perspective d’exploiter des réacteurs, l’électricien saoudien a demandé à EDF-AREVA de former 800 ingénieurs et techniciens à la sûreté nucléaire. 32 sessions sur deux semaines ont été programmées. 

 

Les prochaines étapes

Avant la construction de la première centrale nucléaire, la France a proposé à l’Arabie Saoudite de mener une étude de faisabilité. Trois ans sont nécessaires à l’élaboration de ce travail qui identifiera tous les critères nécessaires à la décision d’investissement : localisation, adaptation de la technologie au site, formations, licensing de la technologie, coût, fournisseurs, etc. L’objectif étant in fine de rassurer les investisseurs. L’Arabie Saoudite devrait décider en octobre si elle accepte la proposition de la France.  

En attendant la décision, plusieurs accords et momenrendum of understanting ont été signés entre l’I2EN, l’Andra, l’IRSN, AREVA et EDF et leurs partenaires saoudiens.

Si nul ne peut préjuger de la décision du Royaume saoudien, les observateurs reconnaissent que la France dispose de l’offre la plus structurée. L’ensemble de la filière, son savoir-faire et ses compétences, a été mobilisée. La diplomatie française est également très investie pour la réussite du projet.

Le programme s’étalera sur plusieurs années. Le Royaume souhaitera sans doute nouer des partenariats avec plusieurs pays (l’Arabie Saoudite finance déjà une partie du programme de recherche du réacteur modulaire coréen, SMART). Pour devenir un partenaire incontournable, la France devra être présente pour la construction de la première centrale.  

Copyright Photo – EDF PETIT JEAN LUC

Publié par Boris Le Ngoc (SFEN)

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